LA GRANDE ARMEE et L'ENFER BLANC 1812


 Table des matières

D'après Alain Barniaud 

Recherche de documents et mise en page par Alain Barniaud.

Photos concernant l'Historique, selon différents articles du net.

Photos de la réalisation des figurines et du diorama par Alain Barniaud.

 

Chapitre premier.

 

Historique.

Du début à la fin de la campagne de Russie: des rives du Niemen aux rives de la Bérésina.

L'Enfer Blanc 1812.

 

Chapitre deux

Présentation des diverses figurines faisant l'objet de cet article.Début du traitement du Cuirassier à cheval.

   Le Cheval:

           Montage et peinture.

    Le cavalier:

            Montage et peinture.

 

Chapitre trois

Suite du cavalier.

       Les différents éléments de l'uniforme et leur mise en peinture.

 

Chapitre quatre

Traitement du Dragon et de son cheval.

Historique des Dragons.

Traitement des figurines

       Peinture du Dragon.

             Les différentes parties de l'uniforme.

             L'armement.

       Prise en main du cheval.

             Son montage.

              Sa sellerie.

 

Chapitre cinq.

Peinture du cheval du Dragon.

Présentation du Dragon et de son cheval

Un cheval dans le vent.

Traitement d'une nouvelle figurine:: Camarades d'Armes.

         Le Grognard portant le jeune tambour.

         Historique du Grognard de la Garde Impériale.

         Peinture de la figurine.

                  Le Grognard

                  L'ensemble: le grognard et du jeune tambour.

 

Chapitre six:

Fin de la peinture des uniformes du Grognard et du jeune tambour.

Peinture du tambour.

Prise en main d'une nouvelle figurine: soldat d'infanterie soutenant un dragon blessé.

          Historique.

          Peinture des deux personnages.

 

Chapitre sept

Nouvelle figurine: caporal infanterie de ligne

Historique du 33ᵉ de ligne en Russie.

La figurine:

           Présentation

           Peinture de l'uniforme et des accessoires.

           Peinture du mini socle enneigé

 

Chapitre huit

Décor du socle

Le traitement de ce socle, avec apport de neige.

Diverses photos du socle terminé

 

Chapitre neuf

Nouvelle figurine: une future Ex.Marie Louise

          Historique

          Quelques modifications de la figurine.

           Sa peinture.

                       L'uniforme et l'armement.

           Mise en situation sur le socle enneigé.

 

Chapitre dix

Deux de la Garde Impériale: grenadier à pied et chasseur à pied

Les figurines.

            Modification du chasseur

            Montage des deux figurines.

            Début des peintures et amélioration du chasseur.

 

Chapitre 11

Le cuirassier démonté, attaqué par les loups, meute de loups et canon Gribeauval.

 

Chapitre 12.

Le diorama, sa réalisation , la mise en situation des figurines et le final

 

 

 

 

 

Un nouveau sujet que je vais aborder, objet du futur diorama, sur ce thème : la retraite de Russie, en 1812, le parcours de Moscou à la Bérézina

Un peu d'Histoire sur cette période du Premier Empire, à travers d'articles recueillis et recopiés dans "Le journal de Napoléon"du "Le journal du Monde, rédacteur en chef, Gérard Caillet, aux éditions Denoël, en 1978

 

 

À MOSCOU

 

La longue marche commence par un bond en avant.

 

Rives du Niémen, le 23 juin 1812.

Incognito, en simple uniforme polonais, l'Empereur a inspecté le bord du fleuve. Aucune agitation ne parait sur la rive opposée. C'est pourtant le face à face. Qui commencera ?

Avant-hier, c'est de Wilkowisky, à sept lieux d'ici, que l'Empereur a annoncé aux troupes ce qu'on appelle encore, par euphémisme, la seconde campagne de Pologne.

Quelques jours auparavant, il avait, de Koenigsberg, proclamé officiellement la guerre, faisant connaitre au monde les conditions  inacceptables de la lettre-ultimatum du tsar qui lui enjoignait d'éloigner ses troupes.

En fait, l'Empereur a rassemblé plus de  600 000 hommes contre l'adversaire russe. Un tiers est constitué par des ressortissants de la France traditionnelle ; près de la moitié est française, si l'on prend le terme au sens des limites actuelles du pays. Cette extraordinaire force de frappe s'est mise en marche il y a déjà trois jours.

 

Rives du Niémen, le 24 juin 1812.

Après avoir surveillé durant une heure, du haut d'un tertre, le passage de ses troupes, l'Empereur a accompli à son tour, le pas décisif. Il foule depuis ce matin, le territoire russe. La bataille n'aura pas lieu en Pologne. L'aventure est engagée. Ce qui ne veut pas dire qu'elle sera nécessairement longue.

La masse humaine mise en œuvre est en effet considérable : on compte qu'elle ne mettra pas moins de quarante-huit heures pour gagner l'autre rive, sous la pluie torrentielle. Les dragons du colonel général Grouchy franchiront le Niémen les derniers.

Il s'agit de la plus énorme concentration guerrière qu'on ait jamais vue sous nos latitudes : 20 nations, 700 000 hommes provenant de toutes les régions de l'Europe : il y a des Suisses, des Italiens, des Hollandais et des Allemands, des Polonais, des Croates.

 

L'un des problèmes les plus difficiles à résoudre est évidemment celui de l'approvisionnement. Les parcs et les trains sont amplement pourvus pour 20 jours et ont été merveilleusement organisés. On prévoit pourtant, déjà qu'il sera peut-être compliqué de les faire suivre : aussi chaque soldat emporte -il avec lui ses provisions, ce qui porte, au total, à 30 kg le poids de sa charge individuelle.

 

 

 

Du Niémen à Moscou

et

De Moscou à la Bérézina


Passage du Niémen

 

Vilna, le 29 juin 1812

Installé ici sans résistance, l'Empereur a fait le point :malgré quelques éléments négatifs comme les trainards, les défections chez les étrangers, les pertes  en chevaux surmenés et privés d'avoine, la pluie ou les retards d'Eugène de Beauharnais et du roi Jérôme de Westphalie et compte toujours détruire les armées russes que son avance a séparées et dicter sa paix à Moscou.

 

Vilna, le 7 juillet 1812.

On s'interroge au QG, sur l'allure étrange que prend l'offensive : les hommes paraissent très éprouvés par l'alternance de chaleur et de pluie. En outre, les troupes lancées à la poursuite des Russes en retraite, ne rencontrent partout que ferme, champs et châteaux incendiés par leurs propriétaires qui ont fui. L'approvisionnement sur place sera ardu.

Vilna, 5 juillet1812

D'après

 

Minsk, le 13 juillet 1812.

On  parle à mots couverts de la décision du roi Jérôme de Westphalie de se démettre de son commandement, en pleine action et de quitter l'armée.

Cette incartade est officiellement imputée à la maladresse du maréchal Davout sous les ordres duquel l'Empereur avait dû placer le roi : celui-ci ne paraissait pas participer assez efficacement à la destruction, telle qu'elle avait été ordonnée, de la fraction des armées russes qui faisait route vers le sud.

                                   Jérôme Bonaparte

        Louis Nicolas Davout


 

Gloubokoe, le 16 juillet 1812

Depuis le QG français, on apprend qu'à la suite de querelles tactiques qui l'opposaient à ses chefs d'armées, le tsar Alexandre va aller attendre la continuation des opérations à Moscou, où sa présence contribuera, pense-t-on, à l'excitation du sentiment national.

Cependant, il aurait auparavant donné l'ordre de repli en direction de Smolensk.

Si le plan français de séparation des armées russes parait donc en passe de réussir, en aucun point du champ de bataille ne sait encore produite la succession d'accrochages décisifs que souhait l'Empereur.

Tsar Alexandre 1er, en 1812

 

Vitebsk, le 27 juillet 1812.

C'est dans une ville totalement désertée par la défense russe que l'armée française a pénétré en poursuivant un ennemi qui continue à se replier.

La prise de la ville est cependant le résultat d'une série de heurts locaux tout à l'honneur de nos troupes qui vont enfin pouvoir se reposer. Au moins autant que la bataille, ce sont en effet, la chaleur (plus torride qu'en Espagne), la soif et l'inimaginable poussière qui les ont momentanément épuisées.


Opérations dans la région de Vitebsk

 

Smolensk, le 18 aout 1812

C'est dans une ville en flammes et déserte que les Français ont fait leur entrée. L'Empereur a lui-même comparé l'ampleur des destructions de la célèbre cité sainte à une éruption du Vésuve. Mais c'est la première fois que l'adversaire a été sérieusement accroché, même si l'état-major russe adonné l'ordre de repli sur Moscou.


Smolensk, le Vésuve

 

Dorogobouge, le 24 août 1812.

C'est décidé : on repart.

Un instant, l'Empereur avait pensé arrêter la campagne à Smolensk pour la reprendre au printemps prochain.

Il était notamment affecté par l'inertie surprenante de certains de ses généraux (dont Junot, frappé d'incapacité soudaine).

Finalement, on tentera l'écrasement devant Moscou, pour stupéfier le monde.

 

PÉNIBLE MALENCONTRE EN ESPAGNE.

Valence, le 25 août 1812

Les nouvelles d'Espagne ne sont pas bonnes.

Il a fallu lever le siège de Cadix. Séville et Grenade ont été abandonnées.

Malgré la mésentente du roi Joseph et  du maréchal Soult, celui va être obligé de rejoindre le souverain à Valence.

On sait que le roi avait dû quitter précipitamment, il y a 10 jours, sa capitale de Madrid où les troupes de Wellington venaient de faire une entrée remarquée en compagnie des principaux chefs de l'insurrection espagnole.


 

BERNADOTTE VIRE DE BORD

 

Abo, Finlande, le 30 août 1812.

Encore un mauvais coup du prince royal de Suède, Bernadotte, auquel il est difficilement hasardeux de se fier : il a signé un traité d'alliance avec la Russie.

Les conseils de Mme de Staël, actuellement à Saint- Pétersbourg, ne seraient pas étrangers à cette félonie.

On apprend par ailleurs que le tsar a conclu la paix avec l'Angleterre et lui a confié sa flotte.

Jean-Baptiste Bernadotte.

Prince de Pontecorvo, puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV

Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein,


 

Pétersbourg, le 5 septembre 1812.

Les dissensions au sein du commandement russe s'intensifient : accusé de mollesse depuis sa retraite à Smolensk, le général Barclay est remplacé par le vieux routier Kutusof, nommé généralissime, et qui se prétend résolu à barrer la route aux Français.

 

Comte Michel Barclay DE Tolly

Kutusof

Général en chef des armées impériales de Russie.



 

 

TRIOMPHE A LA MOSKOVA

 

Borodino, le 8 septembre 1812.

Un bulletin de l'Empereur proclame à la face du monde la victoire de la Moskova.

L'affrontement qui a eu lieu sur cette rivière, au sud des collines de Borodino, a duré toute la journée d'hier.

L'Empereur, qui n'avait pas voulu, par prudence, engager la Garde, pour transformer la retraite des Russes en déroute, s'est déclaré satisfait du considérable massacre d'ennemis réalisé par son artillerie.

Naturellement, Kutusof conteste la victoire, faisant état des pertes, hélas, élevées, de l'armée française.


 Bataille de la Moskova, bataille de la Moskowa ou bataille de Borodino, le 7 septembre 1812

 

UN INCENDIE IMPRÉVU

ravage l'ancienne capitale des tsars


 

Moscou, le 13 septembre 1812.

Le 13, la Grande Armée avait atteint Worobiewo, dernière position avant Moscou, et chacun voyait déjà surgir le paradis après les douze semaines d'inoubliable cauchemar.

Le lendemain, on apprenait l'ordre d'évacuation russe : peu après, le prince Murat, en avant-garde franchissait les portes.

 

Passé la surprise de voir les avenues vides, les fenêtres closes et les maisons abandonnées, les Français s'étaient installés.

Le 158, à deux heures du matin, le maréchal Lefebvre et une division de la Garde pénétrait au Kremlin tandis que Pierre-Antoine Daru cherchait en vain à rassembler les boyards.

À l'aube, l'Empereur entrait à son tour dans le vieux palais où flottait déjà l'aigle tricolore.

 

Dans la nuit, l'incendie, allumé dès le 14, envahissait toute la ville.

Le Kremlin

Maréchal Joseph Lefebvre

Murat, maréchal d'Empire

1812

Pierre-Antoine Daru, Comte d'Empire.


Entrée de Napoléon dans Moscou.

 

Moscou, le 16 septembre.

La vieille capitale russe est la proie des flammes. Le geste insensé et criminel du gouverneur de la ville, Rostopchine, a contraint l'Empereur, calme et consterné, a quitté le Kremlin ce, ce  matin,  à 9 h 30 sous une voûte de feu. On sait que Rostopchine a distribué des torches aux détenus libérés des prisons et qu'il s'est enfui avec les dernières pompes à feu :il aurait juré de détruire la ville intégralement après le départ du dernier soldat russe sous les yeux des habitants en larmes. Il y a quelques heures, le magasin des eaux-de-vie et le bazar où s'entassaient toutes les marchandises d'Orient, ont flambé comme de la paille. La fumée cache le soleil : le désordre et le pillage se répandent dans toutes les rues.

 

Tout avait pourtant bien commencé.


Moscou en feu



Désordre et pillage

 

Moscou, le 19 octobre 1812.

Las de guetter la réponse du tsar à ses nouvelles offres de paix, scandalisé par l'attitude de Kutusof qui ne respecte pas la trêve conclue pour l'attendre, inquiet de la première neige, l'Empereur a donné, à la Grande Armée, l'ordre de quitter Moscou. Le projet de marche sur Pétersbourg est abandonné. On ira au sud, où se trouve l'ennemi.


La Grande Armée quitte Moscou.

 

La folle journée

 

Paris, le 23 octobre 1812.

"Napoléon 1er, décédé à Moscou"

 

"Gouvernement provisoire installé Hôtel de Ville et assuré par Général Claude- François de Malet, représentant le général Jean-Victor Moreau, actuellement aux USA, Préfet, ministre de la police, chef de la sureté, arrêtés, Gouverneur de Paris grièvement blessé. Ville calme."

 

Telle était l'information qui circulait, ce matin à 7 heures.

Quelques moments plus tard, elle était heureusement démentie. On se trouvait simplement en présence d'un vulgaire complot fomenté  contre l'Empereur par un obscur général aigri, évadé de Sainte Pélagie.

Celui-ci qui n'en était pas  à son coup d'essai est a l'heure actuelle hors d'état de nuire, ainsi que deux complices.

Le ministre de la Police, Savary, et les autres officiels ont été libérés.

Claude-François de Malet

Jean Victor Marie Moreau,


Prison  Sainte-Pélagie

Paris musée collections

Portrait d'Anne Jean-Marie René Savary, duc de Rovigo,

huile de Robert Lefebvre en 1814

 

Paris, le 29 octobre 1812.

Condamné à 4 heures du matin, le général Malet et seize de ses complices ont été fusillés à heures de l'après-midi.

On reste cependant surpris de voir que tous les responsables avaient accepté l'idée que la mort de l'empereur entrainerait la chute du régime : nul n'avait songé à proclamer son héritier légitime.

Exécution du général Malet et de ses complices.

Le 29 octobre 1812

 

Maloiaroslavetz, le 24 octobre 1812.

Occupée à l'aurore par les Français, la ville a changé sept fois de possesseur avant de rester définitivement entre nos  mains mais la marche au sud est interrompue par prudence. Nouvelle direction : Smolensk.

Marche des deux armées avant la bataille de Maloiaroslavetz.

Bataille de Maloiaroslavetz, toile de Peter Von Hess (1792-1871).

Bataille de Maloiaroslavetz, gravure de Jean-Baptiste (1767-1825).


 

Smolensk, le 8 novembre 1812.

L'Empereur, suivi de la Grande Armée que harcèlent çà et là les cosaques, est arrivé à Smolensk où veille le maréchal Victor. Le peu de provisions qui restait a malheureusement été aussitôt pillé par la troupe affamée. On ne passera pas l'hiver à Smolensk.

Régiments de Cosaques réguliers.

 

Krasnoe, le 15 novembre 1812.

Malgré le froid paralysant (-26 °C), les quelques 40 000 hommes conduits personnellement par l'Empereur, ont reçu l'ordre de repartir, à marche accélérée.

Il s'agit de repasser la Bérézina (affluent du Dniepr) avant que les diverses armées russes qui s'efforcent de contrôler les mouvements de la retraite française aient fait leur jonction.

Les efforts héroïques déployés parles armées du prince Eugène de Beauharnais et par celles des maréchaux Davout et Ney n'ont ps en effet réussi à redresser la situation.

Celle-ci est encore aggravée par l'inertie des troupes du corps expéditionnaire autrichien :le général -prince de Schwarzenberg accueille toutes les occasions de laisser passer l'adversaire russe sans attaquer.

Les journées, qui ne durent cependant que six heures, vont certes sembler longues aux valeureux combattants dont le ravitaillement, par ailleurs, demeure toujours très précaire.

Cependant, l'excès même du froid qu'ils endurent présente malgré stout un avantage : il sera vraisemblablement possible de franchir les obstacles fluviaux en marchant simplement sur la glace.



D'après Keith Rocco.

 

Orcha, le 19 novembre 1812.

Au moment où la capitulation de Minsk, abandonné aux Russes par sa garnison lituanienne prive à l'avance les troupes françaises d'une étape dans leur marche vers Vilna, il apparait également que les Russes contrôlent les rives de la Bérésina, qui n'est pas gelée comme l'était le Dniepr.

Malgré les exploits du maréchal Oudinot, les Russes ont réussi à détruire l'unique pont qui se trouve à Borisov. Il importe de les fixer sur ce point, coûte que coûte, pendant que l'Empereur, un instant très bouleversé, cherche ailleurs une autre solution.


 

C'était la Bérésina

Studienka, le 27 novembre 1812.

 

Le miracle s'est accompli dans l'horreur.

Le miracle, s'est l'existence d'un gué sur la Bérésina, signalé par le général Corbineau.

Le miracle, c'est encore la prouesse des pontonniers de Jean-Baptiste Eblé qui travaillent depuis 4 jours, presque sans matériel, plongés à mi-corps dans les eaux glacées : grâce à eux, deux ponts de fortune ont été construits.

Les troupes s'y sont engagées hier matin, en bon état : les canons et les véhicules ont commencé à passer dans l'après- midi.

Reste l'horreur : ce sont les affaissements subis précipitant des grappes humaines dans les abîmes. C'est l'horrible bousculade sans merci qui a marqué l'arrivée des trainards. On se massacre maintenant pour gagner un mètre. D'autant plus que les Russes, qui ont compris leur erreur, se rapprochent et qu'il va  bien falloir détruire les ponts avant que tout le monde ait réussi  à les utiliser.


 

Smorgoni, le décembre 1812.

Par un froid de -37 °C, l'Empereur a fait ses adieux au prince Eugène de Beauharnais, au prince Murat, chargé de conduire les reste de la Grande Armée à Vitna, et à ses maréchaux : sa présence à Pais apparaissait, à tous, comme absolument nécessaire.


 

Kovno, le 13 décembre 1812.

Tandis que le maréchal Ney, fusil en main et accompagné de six soldats protège le passage de l'arrière garde française sur le Niémen enfin franchi, on apprend que le prince Murat a remis le commandement général de la Grande Armée, qui se trouve hélas, réduite à quelques dizaines de milliers de combattants, au prince Eugène de Beauharnais. Le prince Murat se dirigerait vers Naples.

Le repli des armées françaises a été assez pénible depuis une quinzaine.

Après l'arrivée, tant attendue, à Vilna, où de nombreux soldats épuisés ont été achevés par l'alcool, maladies et désertions se sont multipliées. Ensuite, la glace et la neige contraignaient à laisser sur la route tous les véhicules, notamment ceux du trésor dont les millions en or ont été distribués, volés ou sont passés aux mains des cosaques qui n'ont jamais cessé leur pression.


Certaines photos proviennent http://lestafette.unblog.fr

 

Je reviens de l'enfer blanc.

Journal d'un rescapé

 

On trouvera, dans ces pages d'information, tous les détails sur les terribles revers subis, si près de la victoire, par la Grande Armée… C'est un document présenté dans toute son objectivité, dédié aux soldats de la Grande Armée. Partis plus de 600 000, ils ont laissé près de 400 000 des leurs, dont quelques prisonniers, dans les steppes ou dans les glacières russes.

 

26 juin 1812. Nous traversons le Niémen sous une pluie torrentielle. Ce n'est sans doute qu'un orage.

29 juin. Curieux ! Les Polonais de Lithuanie, que nous libérons, ne nous acclament pas.

30 juin. Pas de pain. Il pleut.

1er juillet. Chaleur effrayante. Nous maraudons pour nous nourrir.

7 juillet. C'était une belle ferme intacte. Mais les greniers étaient vides.

27 juillet. J'ai bu dans une ornière de la pisse de cheval. La poussière fait croûte sur les yeux. On se protège avec les feuilles.

13 août. Les Russes sont incroyables. Quand ils sont morts, il faut encore les pousser pour qu'ils tombent.

15 août. Saint Napoléon. On nettoie les armes.

18 août. Combat rapproché à la baïonnette. On finit presque en arrachant les cheveux des Russes.

28 août. Les chevaux meurent. Plus de vin.

1er septembre. De nouveau la pluie. Cette fois, on s'enlise.

4 septembre. Froid vif. Le soleil, enfin, sèche le sol.

7 septembre. Hécatombe, paraît -il, de généraux. On continue. Ces imbéciles de Russes se font tuer plutôt que de se rendre.

16 septembre. Les cochons ont mis le feu. On va les aider... Trouvé des vivres. La Garde interdit qu'on ramasse quoique ce soit. Mis quand même de côté quelques babioles en or qui serviront au retour.

22 septembre. Il n'y a pas de doute : nous y passerons tous.

1er octobre. Il fait doux. On mange. Pendant ce temps-là les officiers vont au théâtre. Pourvu que ça dure !!!

13 octobre. La neige. Heureusement, elle fond vite.

15 octobre. Trouvé un manteau kalmouk pour remplacer ma capote que j'avais jetée cet été à cause de la chaleur.

19 octobre. On repart. Est-ce pour rentrer ? Les étrangers fuient Moscou. Ils ont tout emballé sur leurs charrettes. C'est l'exode.

20 octobre. De nouveau, la steppe. On nous dit de nous méfier des paysans qui attaquent les isolés.

24 octobre. On raconte que l'Empereur failli être fait prisonnier.

31 octobre. Retraversé Borodino. Les morts sont toujours là. Les Russes nous harcèlent.

5 novembre. Froid. Heureusement que j'ai trouvé une fourrure. Tous les chevaux se cassent les jambes sur la glace.

8 novembre. Je reconnais l'endroit où l'on est : c'est Smolensk. Tant pis pour les ordres : je trouverai à manger. Il paraît que les hommes d'Eugène ont passé une rivière avec des glaçons jusqu'au ventre. Des poux.

26 novembre. On a improvisé un pont. Bravo. Mais je m'en fous : j'ai trouvé du bois pour me chauffer. Essaierai de passer plutôt demain.

29 novembre. Suis de l'autre côté. Il était temps. Ces crétins de pontonniers ont fait sauter les chevalets trop tôt. On raconte que 8 000 trainards sont en train de se faire massacrer par les Cosaques.

4 décembre. Froid, fatigue, faim. IL est  venu nous dire que cela ne durerait pas. Tant mieux. Bu de la neige  fondue.

6 décembre. J'ai un pied bizarre. Espérons que ce n'est pas gangrène. Mangé du cheval blessé : ce n'est pas mauvais, c'est chaud. On parle de cannibalisme, mais je n'y crois pas. Pouah ! Ou alors, il s'agit des Croates. Des camarades ont gelé debout.

12 décembre. Déserter ? Pas si près. C'est la cohue, mais on approche.

31 décembre. Mon pied enfle. Je suis vivant.

 

 

de Yan Helminsky

 de Wojzeck Kossak


de Théodore Jerico

de Wojzeck Kossak

de Vladimir Zvorykin

de Alexandre Apsit


d’Alexandre  Apsit