ci-devant Royal Cravate
Métal-modèles a fait paraitre, il y a déjà un moment la figurine d’un officier de cuirassiers du premier empire. Quel régiment lui attribuer? Tous se ressemblent à part quelques distinctives qui ne font qu’intéresser quelques vieillards tremblotants.
Bon ! Ses poches en long ne peuvent que l’attribuer aux 4èmes, 5èmes, 6 ème, 10 ème, 11 ème ou 12 ème régiments. Le collet bleu passepoilé de la couleur distinctive est peut être très érudit,
mais moins théâtral que le collet de la couleur distinctive. Le rouge se retrouvant déjà au plumet, car notre gaillard de capitaine ne fait pas encore partie de l’état major du régiment (il n’a
donc pas droit au plumet blanc), sur les volants de sa cuirasse ainsi que sur la doublure de ses patelettes de cuirasse, cela fait beaucoup de rouge. J’ai donc opté pour l’autre couleur
distinctive: le jonquille. Ceci me limite au 10ème ou 12ème régiment.
Je n’ai rien contre le 12, mais le 10 a une petite histoire qui déborde largement sur la mode masculine, et qui m’a fait choisir celui-ci, plutôt qu’un autre.
Ce petit détail est la cravate.
Au XVIIIème siècle, la mode masculine faisait porter un lien de tissu blanc serré autour du col pour le tenir fermé. Cette pièce d’étoffe se portait de couleur noire dans certaines contrées
d’Europe centrale, dont la Croatie. Or Croatie s’écrit en langue locale Hravatska et se prononce cravatska. Il s’est
trouvé que les soldats de cette région, réputés pour leur valeur combative, ont pu former des unités constituées au profit de divers souverains européens. La France a recruté parmi ces
populations et un régiment de cavalerie lourde s’est retrouvé porter le titre de régiment royal hravatsk.
Bien sûr, imprononçable par les français, ce nom s’est transformé, par association phonétique en royal cravate. Outre la différence de couleur, les croates portaient ce ruban flottant sur le
devant de l’habit. Tradition qui fut bien sûr reprise par les cavaliers, et ce jusqu’à une période avancée du premier empire.
La cravate s’est généralisée dans le costume formel masculin jusqu’à récemment, et dans sa forme la plus solennelle dans la couleur noire.
Le 10 ème cuir, sous l’Empire a participé à toutes les campagnes de la Grande Armée, principalement au sein de la 2ème division de cavalerie lourde de la
réserve générale de cavalerie aux ordres du Prince Murat, Grand duc de Berg. La division appelée ‘’division de fer’’ (appellation reprise plus tard par la 2ème division blindée du général
Leclerc) fut commandée par le général d’Hautpoul jusqu’en février 1807 (bataille d’Eylau) puis par le général Saint Sulpice. Elle comprenait les 1er, 5ème, 10ème et 11ème cuirassiers. Elle était
la seule des trois divisions lourdes de réserve générale à n’être composée que de cuirassiers.
Philippe Barreaud