Le 8ème Régiment de Cuirassier


Millot et la botte de Murat

Millot Nicolas, né en 1774, cavalier au 21ème régiment en 1793, au  8ème cuirassiers en février 1804, brigadier le 15 octobre 1806, cassé de son grade le 6 septembre 1808 et passé le 9 septembre 1810 comme gendarme à la Cie de Sarthe. Retraité en 1830, admis aux Invalides en janvier 1858, entre ces deux dates, vraisemblablement  mendiant. Ressorti des Invalides en 1863, âgé de 89 ans, il fait une demande pour recevoir son brevet de chevalier de la légion d’honneur.

Le colonel Charonnet rapporte une anecdote au sujet de Millot :

« Lorsqu’à Heislberg, le 10 mai 1807, le grand duc de Berg apportant au général d’Espagne l’ordre de faire charger ses régiments, passe devant le 8èmede cuirassiers, son cheval est tué d’une balle.

Le voyant dans l’embarras, le brigadier Millot du 8ème, sort du rang, aide le général à se dégager et lui donne son cheval sur lequel celui-ci repart au galop. En remontant précipitamment à cheval, Murat néglige de ramasser une des ses bottes prise dans l’étrier, botte garnie d’ornements de fantaisie comme tout ce qu’il portait.

Millot recueille cette botte, et après l’action la rapporte à Murat tandis qu’il cause avec l’Empereur. En revoyant sa botte entre les mains d’un brigadier du 8ème, Murat raconte son histoire à l’Empereur, qui fait donner à Millot un verre d’eau de vie.

Au mois d’août 1809, passé en revue par l’Empereur à Schônbrunn, le 8ème de cuirassiers se voit attribuer cinq étoiles des braves. Napoléon, voulant donner encore une croix au 8ème, demande au colonel le nom du plus brave :

« Tout le monde est brave au 8ème ! » répond le colonel. L’Empereur, s’adressant aux cuirassiers : « Quel est le plus brave d’entre vous ? « toutes les voix répondent « Millot » L’Empereur fait sortir Millot des rangs et lui dit en lui remettant la croix : « Je t’ai déjà vu quelque part ? « « Oui sire », répond Millot, « Nous avons bu la goutte à Heilsberg ».

53 ans plus tard, Millot attendait toujours son brevet, et il ne fut pas le seul !
 
(Les 4ème, 6ème, 7ème et 8ème Cuirs de l’Armée d’Italie avaient rejoint la Grande Armée en décembre 1806, pour former la 3ème division lourde de réserve de cavalerie du général d’Espagne. 1ère : Gal Nansouty, 2ème : Gal d’Hautpoul.)

Le 8ème Cuirs a porté la cuirasse, il fut le premier dès 1665 sous le nom de régiment de cuirassiers du Roy.



Philippe Barreaud