Indian Army british officers, ou l'influence de la Reine Victoria



 

 

Ah , les lanciers du Bengale, Gary Cooper, Errol Flynn, …. Les turbans et les lances ….. Tout cela est bien beau, mais l’histoire , je dirais l’aventure européenne dans le sub-continent indien débute bien avant la glorification hollywoodienne des années 40-50. Et de loin, et de style

Tout a commencé au 17ème siècle, avec la création de la Compagnie française des Indes Orientales,dont les buts et les missions étaient doubles, commerciaux mais aussi militaires terrestres dans le but de justement protéger le commerce et les intérêts français civils du continent, ainsi que protéger les convois maritimes dans l’Océan Pacifique du sud. Malheureusement il ne nous resta, malgré l’adhésion à la couronne française de nombreux princes et maharadjahs, après le traité de Paris en1763 scandaleusement encouragé par un certain Voltaire... que cinq comptoirs , tous tournés vers la mer: Le premier des comptoirs a été Surat, en 1668. Les cinq principaux comptoirs ont été respectivement fondés en 1674 pour Pondichéry, 1686 pour Chandernagor, 1721 pour Mahé, 1725 pour Yanaon et 1739 pour Karikal.

Compagnie française des Indes Orientales

Les principaux comptoirs Français


En face, l’ Honorable Compagnie britannique des Indes Orientales . Une compagnie à l’origine uniquement mercantile intéressée par le commerce maritime dans l’Asie du sud Est et qui après avoir traité principalement avec la Chine,  prit le contrôle politique et économique de tout le sub-continent indien, c’est-à-dire l’Inde actuelle, le Bengladesh, le Shri Lanka, le Pakistan, une partie du Népal, l’Afghanistan … Les denrées principales du commerce étaient le coton, la soie, les graines d’indigo, le sel, le salpètre , le thé, et bien sûr l’opium.

 

Honorable Compagnie britannique des Indes Orientales, vers 1660

En 1803, alors au sommet de sa puissance, la compagnie britannique des Indes possédait une armée de 260 000 hommes, le double de l’armée britannique métropolitaine. C’est à cette époque que le jeune officier Wellesley fit ses premières armes contre les français, et qu’il deviendrait le fameux duc de Wellington…. Autant pour garder une force militaire sur les mers que pour assurer sa puissance sur terre, cette compagnie fut amenée à entretenir une armée privée recrutée au sein des princes, maharadjahs et Nawabs (équivalent musulman des maharadjahs)(souvent appelés Nababs par des français) locaux, et d’une force au moins aussi nombreuse.

 

Arthur Wellesley

Lieutenant Colonel , 33rd Regiment

 1st Duke of Wellington


Un peu d’ordre fut mis dans cet édifice par ‘’l’acte du gouvernement d’Inde ‘’ de 1858 qui suivi la fameuse rébellion ‘’ la mutinerie indienne’’ , dont le motif officiel fut que les cipayes musulmans refusaient de déchirer avec les dents le papier des cartouches de fusil sous le prétexte qu’ il était enduit de graisse de porc …(ce qui , en fait était inventé par les agitateurs, il s’agissait de graisse chimique, aucune graisse animale ne pouvant supporter le climat local pendant un temps long…) La couronne britannique supprima la Compagnie des Indes, en prit toutes les charges et les bénéfices et institua le Raj,  gouverné par un vice-roi et Gouverneur Général, mais dont la Reine Victoria devint l’impératrice. ( c’est pour cela que les insignes officiels portent les initiales VRI : Victoria Regina impress of India). En 1947, au moment de la partition du Raj, on comptait 562 états princiers en plus des domaines de la couronne.

 


                           Révolte des  Cipayes                                                 La répression: canonnade de Cipayes                                                                                                                                                                            

 

L'Empire britannique des Indes dans l'édition de 1909 du Imperial Gazetteer of India. Les zones gouvernées directement par les Britanniques sont en rose ; les États princiers sous suzeraineté britannique sont en jaune.

Voilà une longue présentation, bien que malheureusement trop succinte pour essayer une peinture du continent.  Une armée imposante de valeurs inégales, mais surtout marquée par le systême des. castes, des tribus et des petits états.

 

 

J’ai choisi de représenter trois officiers de l’armée britannique des Indes, au début du XXème siècle, avant le grand massacre de 14-18.

 

On a vu que le pays est gouverné sur le terrain par le vice-roi. Il a sur ses territoires des troupes Britanniques ‘’commissionnées’’ par la Reine Victoria, des troupes commissionnées par lui, vice-roi, et des troupes des princes. Ces deux dernières sont à recrutement local pour la troupe et menées par des officiers britanniques et/ou locaux.

 

Avant d’aller plus loin, il faut distinguer les régiments à recrutement britannique en séjour temporaire outre- mer ( qui peut durer quand même une vingtaine d’années) des régiments levés parmi la population locale par des officiers britanniques au service du vice-roi.  Dans les premiers, les cadres et la troupe sont des militaires de Grande Bretagne et portent les uniformes et les galons propres à leur status.

 

 

 

Bien sûr le climat amènera de légères entorses sans lendemain, comme le port du casque en liège ou colonial appelé topee ( topi, du nom de la plante qui sert à sa confection) . Ce casque est entouré d’un ruban large appelé pagri. Le pagri est généralement blanc pour les régiments britanniques , et soit blanc soit de couleurs comme les turbans pour les régiments indiens.

Dans le cas des régiments indiens, que leur propriétaires soient britanniques ou des princes indiens, ils appartiennent à ce qu’on appelle le Raj . Les officiers sont britanniques mais les régiments ont souvent un commandant honoraire indigène ( Honorary Native Commandant) du rang de Maharadjah (Grand Roi en sanscrit )ou Nawab (mot d’origine ourdou, appelé souvent Nabab).

 

 

Tous les sous officiers et hommes du rang sont indigènes. Les cavaliers sont appelés Sowar ( Cipaye ou sepoy  pour l’infanterie) . les grades des sous officiers  ( NCO) sont :

 

Acting Lance Daffadar : faisant fonction de caporal ;  en fait 1ère classe : 1 galon or ou argent.

 

Lance Daffadar : Caporal , 2 galons or ou argent.

 

Daffadar : Sergent, 3 galons …

 

Kot Daffadar : Sergent major , squadron sergent  major: 3 galons surmontés d’une couronne ( en france on dirait adjudant d’escadron ou de compagnie ou de batterie). Les ‘’pipe major’’, drums major’’, Fifes ans drums major, ont quatre galons en V inversé avec la couronne, sur la manche droite seulement .

 

Daffadar Major : sous oficier chef de l’administration de l’unité : armoiries royales brodées, sur l’avant bras droit.

 

Les officiers subalternes (junior officers) sont britanniques ou indigènes, avec les insignes de grades portés sur les épaules depuis 1881.

 

Jemadar : sous lieutenant, 1 ‘’pip’’ ou étoile.

 

Risaldar : Lieutenant , 2 pips oun étoiles.

 

Risaldar Major : capitaine, 3 pips ou étoiles.

 

A noter que les officiers commissionnés par le vice-roi ne portent pas de pips, mais de simples étoies à cinq branches.

 

Les officiers supérieurs sont uniquement britanniques et ne portent donc pas d’étoiles.

 

Major : commandant, une couronne.

 

Lieutenant Colonel : 1 pip et une couronne (vers le haut de la patte d’épaule).

 

Colonel : 2 pips et une couronne.

 

La couronne est celle des Tudor utilisée par la reine Victoria et trois de ses successeurs ; La Reine Elisabeth II   a repris la couronne de Saint Edouard en 1953.

 

Pour en terminer avec les uniformes des officiers, Seuls ceux des régiments indiens sont autorisés à porter une tenue ‘’indienne’’, ce jusqu’au coucher officiel du soleil, et en service auprès de leur troupe. En dehors du service   extérieur, ils doivent revêtir la tenue européenne de leur régiment. Qu’il soit ‘’lancers’’ avec la tunique croisée fermée ou ‘’horse’’ avec plusieurs galons de laine sur le poitrail. Les officiers britanniques portent le ‘’jodpuhr’’ rentré dans les bottes ou au dessus, ou le pantalon suivant la tenue, alors que les officiers indigènes portent le ‘’pyjamah’’  jusqu’en 1901. 

 

 

Je ne traiterai dans cet article que de la tenue indienne de ces trois officiers en particulier. La richesse et la diversité des quelques trente régiments de cavalerie empêche , ici, une étude plus approfondie, d’autant plus que même à l’intérieur d’un même régiment les tenues peuvent être complètement différentes. Quoiqu’il en soit,  on peut malgré tout dégager un certain nombre de points communs.

 

A commencer par le haut.

 

En tenue indienne le turban , ou lungi est porté. C’est une longue étoffe  de soie ou coton enroulée autour d’un bonnet pointu, le Kulla. Les sikhs le remplacent par un bonnet rond de couleur vive appelé pug ( prononcer pag) dont le bord inférieur dépasse sur le front. Le lungi est en général uni d’un côté et rayé de l’autre. L’ordre, l’épaisseur et les couleurs des rayures varient sans cesse et sont un véritable casse tête à identifier.  De plus, si les britanniques ont tendance à le nouer avec la partie rayée de façon apparente sur le côté droit de la tête, les sikhs, rajputs et jats ont leur façon bien à eux mais différentes. Ce qui n’implique nullement la moindre uniformité. Le lungi se termine à une extrêmité par une crête émergeante ou pendante, du côté droit ou gauche, selon… l’autre extrêmité pend derrière la tête, le palloo, jusqu’au milieu du dos. Le pallo peut montrer à l’extérieur les mêmes rayures que le lungi, sans obligation

Le vêtement long à la mode indienne est le Kurta. Il est de la couleur d’appartenance du régiment ( bleu, vert, beige , bleu-gris clair …) à ne pas confondre avec la couleur distinctive du régiment ( qu’on trouve au col et aux poignets) . Il s’arrête au dessus du genou et doit toucher le sol quand l’homme est à genoux. Chaque régiment a ses manières spécifiques d’y ajouter galons , passepoils et dorures .Les schémas les plus compliqués sont très appréciés, surtout par les officiers indigènes qui ont dû attendre longtemps l’autorisation de porter des marques de grades  à ‘’l’anglaise’’ et dont l’épaisseur des dorures marquaient le rang. Ces broderies peuvent couvrir tout le haut des bras.

Mais parmi les trois détails les plus fameux figurent les chainettes métalliques d’épaules. Elles sont en fer maillé cousues sur une bande de tissu de la couleur distinctive du régiment. C’est sur elles que sont épinglés les ‘’pips ans crowns’’. La

Avec l'aimable autorisation de JC Colrat                                   tradition veut qu’elles soient nées pendant

                                                                                                        la Mutinerie des cipayes de 1857. Sir D. Probyn  ( commandant célébre de deux régiments du Bengale) aurait conseillé à Sam Brown ( l’inventeur des brêlages porte revolver et sabre en cuir) de placer une chaîne sur ses épaules pour se protéger des coups de sabres. Les premières auraient été les gourmettes de harnachement de tête de cheval.  Le systême s’est généralisé . Le règlement de 1900 prescrit que les épaulières doivent comporter 319 maillons

Deuxième détail voyant : le cummerband. C’est la longue écharpe enroulée autour dela taille sous le ceinturon et dont une extrêmité pend le long de la cuisse, soit à droite, soit à gauche.Les officiers britanniques ont le choix entre les mêmes rayures que le lungi et un motif en cachemire orné de botehs. Les officiers indigènes sont friants, quand à eux des motifs cachemirs.

 

Enfin, la banderole porte-giberne, ou Pouch belt. Bien que réservée à la grande tenue, les officiers britanniques (et eux seuls) s’arrogent le droit de la porter aussi en tenue en garnison. Elle court de l’épaule gauche à sous le bras droit. Son cuir est recouvert d’étoffe et de galons or ou argent séparés d’un trait de la couleur distinctive. Elle est décorée de deux petits pics de métal retenus par des chainettes et accrochés à un ornement  en forme de rose ou de croissant. Ces épinglettes servaient à déboucher le canal lumière du pistolet après les tirs. Dans le dos on trouve la giberne, le pouch. Elle est trop étroite pour contenir des cartouches, son coffret est en bois et la patelette est en argent ciselé.

 


Voilà notre homme. Suivant son régiment ses bottes ( toujours astiquées par un serviteur indigène) donnent l’apparence du vernis alors qu’elles ne sont que cirées . elles sont du modèle  ‘’saumur’’ ou Wellington, parfois à la hussarde. Mais les officiers indigènes affectionnent la mode ‘’Napoleon’s boots’’ qui couvre presque le genou.

 

L'aide de camp du vice-roi d'inde 1910

Le Vice-Roi et Gouverneur Général d’Inde, de 1858 à 1947, raccourci en Vice-Roi d’Inde fut à l’origine le chef de l’administration britannique en Inde, et plus tard, après l’indépendance de l’Inde et du Pakistan, la partition, en 1947, le représentant du monarque indien et chef de l’état.

 


Son siege était à Delhi, dans un palais nommé Government house, et il assurait un rang de monarque. Sa garde, son état major et tout son personnel était vêtu à la mode indienne, d’un uniforme écarlate et richement doré.

 

L’aide de camp porte la même tenue que le corps des gardes du corps, Bengal, créé en 1912 , avec le lungi bleu foncé et rayé de doré et blanc suivant un motif compliqué. Le kurta est écarlate distingué de bleu marine, le cummerband bande à motifs de botehs dorés changeant. Il porte sur les chaines d’épaules les trois pips de capitaine. A l’épaule droite , la grosse aiguillette dorée propre aux aides de camp dans presque le monde entier , dont l’entrelas répond à une règlementation stricte.

 

et la figurine peinte par Philippe


                                                                                                                                     Article 1/3  de Philippe Barreaud

 

                                                                               A suivre.......les forces des guides des Frontières du nord-ouest


Texte et documentations: Philippe Barreaud

                             Mise en page: Alain Barniaud