10 th Duke of Cambridge'sOwn Lancers(Hodson's Horse)

Troisième et dernier volet sur la cavalerie britannique en Inde

Le 10th Bengal Lancers représente un tiers des forces de cavalerie de Hodson, à ses origines. le Brevet Major (capitaine inscrit au tableau d’avancement et faisant fonction de commandant ) William Stephen Raikes Hodson servait à l’état major de la force d’intervention à Delhi en 1857 pendant la Grande Mutinerie, et commandait en même temps le Corps des Guides. Bien qu’à ces postes, il demanda à lever un régiment de cavalerie d’irréguliers qui fut appelé Hodson’s Horse ( le terme ‘Horse’ désignait une force de plus d’un escadron ) . Le rassemblement d’hommes un peu sauvages amenés à s’engager dans cette force, à proximité de Delhi avait de quoi inquiéter, aussi Hodson dut renoncer à ses autres fonctions pour prendre le commandement du régiment

 

 

 

 

 

 

‘’British & Native Officers of Hodson's Horse" (1858) par Felice Beato


Dans son double rôle de chef de cavalerie et d’officier de renseignement, Hodson avait pris une part importante dans la prise de Delhi. Il y avait déjà mis en place un réseau d’espions dès 1857. Hodson avait été aidé par Maulvi Rajab Ali, l’informateur confidentiel de Henry Lawrence (le gouverneur provincial) et un obscur conseiller de l’administration du Punjab. Son principal succès à l’époque fut la capture de l’empereur Moghol Bahadur Shah II. Par contre il lui fut lourdement reproché d’ordonner l’éxécution des trois princes moghols,ses fils . Les britanniques savaient que le vieux roi de Delhi , aussi appelé empereur d’Inde était un point fort du soulèvement des mutins. Le roi, ses fils et leur armée était campée juste à la sortie de Delhi au lieu dit la tombe de Humayun. Le commandant britannique ayant décrété qu’il ne pouvait perdre aucun européen, Hodson se porta volontaire avec 50 de ses cavaliers irréguliers pour attaquer les mutins. Après maintes discussions le colonel Archdale Wilson lui donna l’autorisation de tenter sa chance. Il galopa huit kilomètres à travers les rangs des insurgés jusqu’à leur camp. Ceux-ci se rendaient au fur et à mesure de son avance. Près de 6 000 furent ainsi faits prisonniers. Il a été dit que ceci marqua le début du déclin des turcs et des moghols en Inde qui avait commencé après la bataille de Aurangzeb . Hodson accepta la reddition de Bahadur Shah et lui promit que sa vie serait épargnée. Celui-ci, en échange, lui remit devant le front des troupes deux magnifiques épées, une du nom de ‘’Nadir Shah’’ et l’autre gravée du sceau de Jahangir, que Hodson fit remettre à la Reine Victoria, et qui font toujours partie du trésor de la collection privée de la reine.

 

 

 

 

 

Capture du roi de Delhi par le capitaine Hodson d’après une gravure de ‘’the Indian Empire’’ (1857) par Robert M. Martin


Le régiment participa ensuite à la libération de la ville de Lucknow où Hodson trouva la mort.

La première Risala ou escadron avait été levée par le Risaldar Major Man Singh sous le nom de Montgomery Sahib Ka Risala.. Man Singh combattit pendant toute la saison chaude de 1858 et fut honorablement cité pour son courage lors de la bataille de Nawabganj alors qu’il fut sérieusement blessé. Pour sa bravoure il reçut l’ordre du mérite indien. A la bataille de Nandgani il captura trois canons et fut à nouveau blessé. Le gouvernement le récompensa en lui octroyant des terres en Oudh et au Punjab. Retiré du service en 1877, Man Singh vécut à Amritsar, nommé magistrat honoraire de la ville en 1879 , il y mourut en 1892.

 

Bientôt la force devint tellement importante qu’elle fut divisée en trois régiments en 1858.

Le 3ème régiment fut dissout en 1861 et les 1er et 2ème devinrent le 9th et 10th Bengal Cavalry ( ces deux régiments furent amalgamés en 1921 sous le nom de 4th Duke of Cambridge’s Own Lancers ( Hodson’s Horse). Il continue à exister actuellement sous le nom de 4th Horse Regiment ( régiment de cavalerie) de l’armée indienne.


En 1871 le 10th  combattit en Abyssinie. Un escadron partit avec le 9th régiment pour Malte en 1878 alors que le reste du 10th partait pour l’Afghanistan. Alors qu’il était à Malte, l’escadron fut inspecté par le Duc de Cambridge qui fut impressionné à un tel point qu’il conféra son nom au régiment entier.

Le Prince George, 2ème Duke of Cambridge (George William Frederick Charles; 26 03 1819 -17 03 1904) était un membre de la famille royale britannique, petit fils du Roi George III, cousin germain de la Reine Victoria, et oncle maternel de la Reine Mary, reine consort du Roi George V. En tant qu’héritier mâle d’un roi de Hanovre, il portait aussi les titres de ‘’Prince de Hanovre ‘’ et ‘’Duc de Brunswick et Lüneburg ‘’.

Il fut un officier de carrière et servit comme commandant en chef des armées britanniques de 1856 à 1895. Il devint Duc de Cambridge en 1850 et maréchal en 1862. Son titre de Duc de Cambridge tomba en désuétude à sa mort et ne fut réactivé que 107 ans plus tard, lorsque la Reine Elizabeth II confia ce titre à son petit fils le Prince William le 29 avril 2011, lors de son mariage.

 

 

 

 

En 1914 le 10th était stationné à Loralai ( nord est du Baloutchistan pakistanais) . Il était composé d’un escadron de Dogras, un de musulmans du Punjab, d’un escadron et demi de Sikhs et d’un demi de Pathans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Capitaine du 10th lancers vers 1910-14.


Le régiment combattit à la bataille de la Somme et à celle de Cambrai, en tant que fantassins ( puisque la cavalerie avait perdu toute raison d’être à cause de la guerre de tranchées). Il s’illustra en outre spécialement aux batailles de Givenchy en 1914, Bazentin et Flers Courcelette. Il se souvient de Cambrai comme la bataille la plus splendide de la guerre et continue à la commémorer comme fête régimentaire chaque année.

 

De là, en 1916 il partit pour la Mésopotamie où il s’illustra au combat de Khan Bagdadi. En 1917, au sein de la brigade du général Cassell, il prit part à la prise de Bagdad, puis il revint vers l’ouest pour les batailles de Meggido et Sharon en 1918 , puis participa à la capture de Damas.

 

C'est là que le trouva la fin de la guerre.Resté en Irak, un détachement se trouvait dans un train blindé qui dérailla à Samara en 1920. Assailli par les arabes, le détachement se battit jusqu’au dernier homme.

 

Les Battle Honours du régiment étaient : Delhi, Lucknow, Abyssinia, Afghanistan 1878-80 .

 

En 1921, les britanniques décidèrent de réduire drastiquement le nombre de leurs régiments de cavalerie et ré-amalgamèrent le 9th et le 10th Hodson’s Regiments pour former le 4th Duke of Cambridge’s Own Lancers (Hodson’s Horse). Titre que le nouveau régiment garda jusqu’en 1947, au moment de l’indépendance et de la partition du subcontinent lorsqu’il fut versé dans la nouvelle armée de l’Inde, comme régiment blindé, sous le nom de  4th Horse (Hodson’s Horse.A ce moment, et depuis longtemps, il avait rangé ses rutilants uniformes qui l’avaient rendu célèbre, bien que la photos ci-dessous montre que l’Inde moderne a su adapter et conserver les traditions.

 

Son surnom actuel, les ‘’flamingoes’’ ( flamants roses) ne s’explique certes pas par la couleur de son ancienne tenue, et je dois avouer mon ignorance sur ce point… Néanmoins, venons en à la figurine , troisième de la série, et qui nous intéresse aujourd’hui. Ce Major ( insigne de grade : une couronne dorée sur les épaules) porte la grande tenue de service à cheval . Son lungi bleu foncé est à une face rayée traditionnellement de bleu et de jaune, avec des bandes blanches plus larges que nombreux régiments, mais ceci n’est qu’une préférence toute particulière et en aucun cas un modèle d’ensemble. Le kurta est bleu foncé, distingué de rouge écarlate et à passementeries dorées. Une particularité est que les officiers britanniques, au contraire du reste des personnels, ne portaient les épaulières de mailles mais des pattes d’épaules en drap de couleur rouge, bordées d’or. Emergeant des crispins de cuir blanchi des gants on peut distinguer le détail si particulier au régiment ( sans nœud indien traditionnel) de la soutache du parement de manche. La cummerband est de cachemire rouge foncé orné de botehs et motifs indiens

 

Nota : boteh : d’origine indienne et persane peut rappeler une amande , une palme ou un cyprès. Ramené en Europe au 18ème siècle par des commerçants écossais, il y a connu un franc succès . Motifdécoratif , il a orné les vêtements aux 18 et 19ème siècles, fabriqué à Paisley en Ecosse. Son nom d’alors était ‘’persan pickel’’ c’est-à-dire ‘’ poire galloise’’.


La giberne est d’argent aux motifs de laiton. La banderole de giberne est dorée avec une ligne écarlate intérieure, le porte épinglette est d’argent, à la rose du même métal. Le ceinturon et les bélières de sabre sont comme la banderole de giberne.

 

En tenue européenne, les officiers portaient la tunique de lanciers bleu foncé à collet, parements et demi-revers écarlates.

 

Le chasse-mouche de l’équipement de tête du cheval était de crins rouges cramoisis.

 

La troupe portait le kurta bleu foncé avec une bande écarlate sur l’ouverture de devant. le collet, les parements de manches et les coutures du dos et du derrière des manches étaient ornés d’un passepoil écarlate. La troupe, comme les sous officiers et les officiers indigènes portaient les épaulières en mailles avec le monogramme du régiment en laiton. La flamme de la lance était rouge et bleue.

En guise de conclusion de cet article, quelques photos de la figurine terminée. Seule et en situation sur son socle


Les trois personnages sont issus de la collection Art Girona 70mm, sculptée par Antonio Zapatero.


 

Outre l’intérêt que j’ai pu trouver à la recherche sur l’histoire et les uniformes ce ces régiments prestigieux, j’ai pris grand plaisir à la peinture de ces trois figurines admirablement sculptées, aux détails fidèlement reproduits et aux attitudes typiques si véritablement rendues.

 

 

Barreaud Philippe.


                                                                                                         Texte, photos, recherches : Philippe Barreaud.

                                                                                                                                       Mise en page: Alain Barniaud