Article: Stéphane Vitali

Réalisation de la maquette: Stéphane Vitali

Curtiss H75 1/48e de Hobbycraft

   Mis en service en 1938 le Curtiss P36 était un chasseur de conception américaine tout métal et monoplan à ailes basses et doté d'un moteur en étoile Wright XR-1670-5 de 900ch (671Kw).

Son armement plutôt léger était composé d'une mitrailleuse de 7,62 et d'une 12,7 tirant à travers le disque de l'hélice.

Conçu sur fonds propres par l'ingénieur Donovan Berlin, le prototype effectua son premier vol le 6 mai 1935.

Curtiss le fit participer à un concours organisé par l'USAAC pour choisir son futur chasseur. L’un des concurrents en l'occurrence Seversky avec son P35 déclara provisoirement forfait à cause de l'écrasement de son prototype ce qui permis à Curtiss de modifier son appareil en lui remplaçant son moteur par un Wright XR-1820-39 Cyclone de 950ch(709kw).

En 1936 lors du concours le P36 ou Model 75D fit aussi pâle figure que son concurrent qui fut pourtant déclaré vainqueur.

Le bruit des bottes en Europe encouragea l'USAAC à se doter de plusieurs types d'avions différent et finalement le P36 revint dans la course avec un nouveau moteur destiné à améliorer ses performances, en l'occurrence un Pratt et Whitney R-1830-13 Twin Wasp de 900ch(671Kw).

Lors du concours de 1937 il fit bonne impression devant la commission d'achat de l'USAAC qui passa commande à Curtiss de 210 exemplaires.

La France s'intéressa très tôt au P36 avant même qu'il ne rentre en production.

Avant la défaite de 1940 le gouvernement français reçu un total de 416 Curtiss Hawk 75.

Le Hawk 75 ne fît pas pâle figure face à la chasse allemande. Les groupes de chasse équipés de cet appareil abattirent 234 appareils de la Luftwaffe et de l'aeronautica militare italiana et 87 probables pour la perte d'environ 200 appareils toutes causes confondues, ce qui fait un ratio de 1,60 en faveur de l'armée de l’air.

Sous le régime de Vichy le Hawk 75 s'opposa à la RAF lors du drame de Mers El Kébir, et des combats de Dakar et à l'US Navy lors de l'opération Torch où ils abattirent 7 F4F Wildcat.

Le P36 fut exporté aussi en Argentine, Brésil, Chine, Angleterre et Finlande.

La maquette du P36 /Hawk 75 au 1/48e de Academy est à l'origine une maquette Hobbycraft sortie en 1992.Ce que je ne savais pas lors de l'achat de ce modèle. Hobbycraft n'est pas très réputé pour la finesse de ces kits et le boitage sous le label Academy m'a trompé.

A l'ouverture de la boîte en effet c'est bien du Hobbycraft, reconnaissable à son plastique gris très clair et au peu de détails apporté à l'habitacle et surtout au train d'atterrissage qu'il faudra refaire. La planche de décals n'est pas conforme à la réalité et j'ai dû m'en procurer une autre. Pareil pour le moteur qui d'origine est horrible, remplacé par un kit en résine, ainsi que l'habitacle lui aussi remplacé par un kit résine trouvé dans une expo pour un prix modique.

Mon but est de faire bien évidemment un appareil de l'armée de l'air en 1940 du GC 2/5 Lafayette et là je peux dire que les problèmes vont commencer pour moi. La dernière fois que j'ai monté du Hobbycraft c'était un MS406 qui a volé droit vers la poubelle, mais je ne veux pas rester sur un échec donc je vais retenter le coup.

 

Pour commencer et comme par habitude on va s’attaquer au montage du cockpit en résine de chez AML. Rien à voir avec l’original en plastique. Le siège en photo découpe est facile à plier. Tous les éléments sont peints à l’aérographe en zinc chromate XF4 de chez Tamiya et les détails sont peints au pinceau avec des acryliques Prince August. Une fois les harnais en photo découpe posés je vernis le tout en satiné. Un jus à l’huile terre d’ombre brulée est diffusé dans les creux. Un dernier voile de vernis mat cette fois-ci est vaporisé avant l’assemblage des 4 cloisons.

 

Un assemblage à sec des deux demi-fuselages permet de vérifier que mon habitacle s’insère facilement. Une fois cette opération validée ces deux demi-fuselages sont collés à la colle fluide Tamiya, que j’essaye pour la toute première fois après avoir découpé la gouverne de queue.

 

Sur le demi-fuselage droit une retassure au niveau de l’emplanture de l’aile est traitée par masticage et ponçage. Les lignes de structures ayant disparues, elles sont regravées en creux avec une scie Tiger.

Viens le tour des ailes qu’il faut assembler et là j’ai commis une bourde. J’ai oublié de positionner les nouveaux puits de trains de forme carrée en photo découpe à la place de celui d’origine de forme ronde et donc non compatible avec la version du H75.Après mure réflexion j’ai réussi à couper avec une lame de scie Hobby Boss ce fameux puit de train en l’insérant entre les parties inférieure et supérieure de chaque aile droite et gauche. Ainsi le nouveau puit de train une fois plié à put rentrer à son emplacement et scellé à la colle cyano, ouf.

On le voit, ce n’est pas du tout un montage à la Tamiya mais j’aime bien affronter ce genre de difficultés pour voir comment je peux m’en sortir.

Viens le tour du capot moteur et là encore il va falloir modifier. Sur des photos les volets de refroidissement situés tout autour du moteur sont parfois ouverts ce qui n’est pas le cas de celui proposé par Hobbycraft/Académy. Pour commencer j’affine, avec une fraise montée sur une mini perceuse, le bord intérieur de mon capot puis avec la scie Tiger je donne un coup entre chaque volets et les déploient. Seul le volet supérieur dans l’axe du cockpit m’a posé un problème, car celui-ci avait un ergot de fixation et du coup il s’est cassé. Je l’ai donc remplacé par un morceau de carte plastique découpé à la bonne dimension. Après un essai à blanc j’ai constaté que le capot n’était plus en mesure d’être fixé au fuselage. J’ai donc utilisé des barres de plastique Evergreen 3.2x1.5 mm pour réaliser 3 nouveaux supports de fixation. De plus ils me serviront à y fixer les culasses des mitrailleuses visibles dans le cockpit. Pour cela j’ai percé 3 orifices et j’y est inséré mes barres Evergreen avec les culasses des mitrailleuses en collant le tout à la cyano.

J’ai coupé le surplus de mes barres et j’ai testé la pose du capot avec le moteur et ouf tout rentre parfaitement. Il suffira de peindre tous ces éléments afin de les rendre le moins visible possible une fois le tout collé au fuselage.

Les ailerons subissent aussi une modification. Les volets sont découpés pour être positionnés baissés. Chaque partie est percée pour y recevoir deux bouts de fil de fer collé à la cyano sur chaque aileron, qui servirons à refixer de façon solide les volets dans leur nouvelle configuration.

 

La mise en croix se passe sans grande difficulté, néanmoins il a fallu combler avec de la carte plastique et du mastic la jointure des ailes. Après ponçage et nettoyage, j’ai vaporisé du primer Tamiya gris aux endroits ayant subi des modifications, afin de vérifier d’éventuels défauts.

Je n’ai pas entièrement apprété la maquette cela n’étant pas dans mes habitudes car je ne trouve pas cela vraiment nécessaire avec certaines peintures comme les Tamiya ou Gunze. J’ai commencé par peindre en blanc le gouvernail en vue de réaliser le drapeau français initialement proposé en décals. Pour le bleu et le rouge des mélanges fait maison ont été utilisés.

Pour réaliser le camouflage typique des appareils français lors de la bataille de France de 1940 c’est-à-dire un gris bleu foncé, du vert et du marron différentes teintes vont devoir être utilisées.

En ce qui concerne le gris, il est obtenu à partir d’un mélange de références Gunze (H-84 et H-17).

Pour le vert j’ai utilisé du H-73.

Le marron est quant à lui obtenu à partir de trois teintes Tamiya (XF-10 ; XF-59 et une touche de XF-2).

la déco choisie correspond à un Curtiss H-75A-1 "5 blanc" N°35, monture personnelle de l'adjudant Marcel Dugoujon opérant au sein de la 3e escadrille du GC II/5 basé à Toul Croix de Metz en novembre 1939.

PS: si vous comptez réaliser cette décoration ne faites pas confiance au profil de la notice d'Academy, ni à celle de Carpena/colorado décals N°48/10.

L'erreur provient du fait qu'au sein de cette unité deux appareils portaient le "5 blanc" et n'avaient ni le même numéro ni le même camouflage.

Une bonne documentation vous évitera bien des désagréments et pour cela je me suis procuré l'ouvrage de Lionel Persyn "Les Curtiss H75 de l'armée de l'air" aux éditions Lela presse.

 

 

La bande verte d’identification entourant le fuselage fourni en décals est délimitée et peinte à l’aide de produits Tamiya.

 

Les bandes antidérapantes situées à la base des ailes sont quant à elles peintes en noir sur une sous couche argent traité au « Worm effect ».

 

 

 

Pour faire apparaitre le métal j’ai frotté avec un pinceau brosse imbibé d’eau le bord d’attaque des ailes mais le Worm effect pulvérisé il y a quelques semaines n’a pas eu l’effet souhaité.

 

 

 

Une fois les opérations de peinture finies une couche de vernis brillant X-22 est pulvérisée comme d’habitude mais le résultat ne m’a pas plu le vernis ayant pris un aspect « peau d’orange » malgré la dilution habituelle. Pour rattraper cela la couche de vernis est poncée au micromesh. Le lendemain une couche de vernis brillant Pébéo est pulvérisée et tout est rentré dans l’ordre. C’est fini je n’utiliserais plus de X-22.

 

 

 

La planche de décals Colorado-decals est très belle et les motifs se sont posés sans problème avec les produits de la marque Microscale. Après une journée de séchage, une couche de vernis brillant est passé puis successivement, une couche de vernis satiné Pébéo.

 

Les H-75 avaient un aspect satiné du fait d’un lustrage permanent malgré les nombreuses heures de vol.

 

Pour la suite un jus à l’huile avec une teinte noire mélangée à une teinte terre de sienne est appliquée dans les creux puis essuyé après séchage dans le sens du vent relatif.

 

Les traces d’échappement et autres salissures comme la poudre des mitrailleuses ont été faites au pigment noir et couleur terre.

 


 

 

 

 


Une fois les opérations de patine réalisées, toutes les pièces annexes sont placées, les trains d’atterrissage ainsi que les trappes à l’assemblage particulier, l’hélice, les mitrailleuses (en résine provenant de la boite à rabiots), le tube de Pitot refait en plastique étiré, la verrière positionnée « ouverte » et fixée à la colle à bois et pour finir les fils d’antennes sont réalisés avec du fil EZ line. Les derniers détails sont peints au pinceau comme les feux de position ou l’antenne avec de la peinture Humbrol qui provient également de la boite à rabiots, celle d’origine étant fausse.

 

En conclusion, même si ce fût une maquette difficile, je me suis bien amusé, malgré ses défauts je m’en suis sorti, ce n’est pas un modèle à mettre dans toutes les mains car il y a beaucoup de modifications à faire pour obtenir un H-75.

 

Seul point positif de la maquette, les ajustages sont satisfaisants mais les détails ne valent rien.

 

Mon kit est fini mais néanmoins j’ai décidé de le mettre en valeur sur un socle pour les futures expos, représentant la tête d’un chef séminole blason de l’escadrille La Fayette. Ce socle est dessiné à main levé sur une plaque de plastique d’isolation. Il sera découpé à la scie sauteuse et peint à l’aérographe.

 

  Le final : le socle n’a finalement pas été peint à l’aérographe, car c’était trop compliqué, mais au pinceau avec des peintures enamel Humbrol et Revell. Réaliser et peindre ce socle a été plaisant. Une fois peint il a reçu une couche de vernis brillant Prince August. Ainsi s’achève ce montage.

 



Texte et mise en page: Stéphane Vitali

Anthony Vitali

Photos: Stéphane Vitali